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Anaïs Ségalas - Les Oiseaux de passage - Départ


Ségalas

Anaïs Ségalas - Les Oiseaux de passage - Départ

Extrait tiré de : Anaïs Ségalas, Les Oiseaux de passage, 1837 (acheter l’œuvre)

Extrait proposé par : Claire Tastet


À propos de cet extrait :

Ce poème nous fait part des pensées d’une personne qui a quitté son foyer, ses amis, sa famille. Elle décrit les différents lieux explorés, leur beauté et ce que cela lui évoque. Cette personne nous fait part, également, de sa mélancolie en repensant à tout ce qu’elle a laissé : à sa famille qui est sans doute triste en son absence. La raison de son départ n’est pas spécifiée. On peut donc supposer que cette personne est partie pour voyager, pour s’isoler, se reconstruire, prendre du recul sur sa vie ou pour fuir un quelconque problème.

Introduction et notes par par Lisa et Délia, élèves de seconde.


(licence Creative Commons BY-SA, Claire Tastet)
Texte de l'extrait (source) :

Voilà Paris bien loin ! j’ai vu fuir tant de villes,
Tant de bornes1 de pierre, et tant d’ormes2 ombreux,
Et de hauts peupliers3, rangés en longues files
            Sur le chemin poudreux4.
Déjà la Loire, au fond, dans les plaines désertes,.
Déroule ses replis ; et le fleuve argenté
Semble, à le voir de loin, avec ses îles vertes
            Un serpent tacheté !

Et plus rien de Paris ! partout la solitude !
J’ai donc fui la maison que j’aime, où je trouvais
Dans les moindres objets une douce habitude ;
            La maison, où j’avais
Ma mère, mes amis ; leurs regards, leur sourire ;
Où j’assemblais toujours, à l’intime foyer,
Des âmes pour m’aimer, des voix pour me le dire,
            Des bras pour m’appuyer !

Tous ceux que j’ai quittés que font-ils ? Oh ! sans doute,
Souvent mon nom se mêle à leurs tristes discours ;
Ils songent aux adieux, aux ennuis de la route,
            Ou bien comptent les jours !
Et, lorsque vient la nuit, pensifs et l’œil humide,
Au foyer de famille ils retournent s’asseoir,
En jetant un regard sur cette place vide
            Dans le cercle du soir.

Et moi je vois toujours fuir des champs sur la rive5,
Des villes, où parfois on suspend son chemin
Où les petits enfans, faisant la voix plaintive,
            Viennent tendre la main ;
Des flots que le pêcheur assouplit sous sa rame,
Des bois où le soleil a peine à se glisser,
Des villages déserts, où quelque pauvre femme
            Vous regarde passer.


1. Bornes : pierres indiquant une distance, une direction
2. Ormes : grands arbres forestiers (ulmacée : nom d’une famille d’arbres), à feuilles caduques, des régions tempérées, utilisé pour son bois mais également comme arbre d’alignement et d’ornement.
3. Peupliers : arbres (salicacée : nom de famille d’arbres unisexués aux fleurs sans pétales) au port souvent fastigié, habitant des régions tempérées
4. Chemin poudreux : chemin qui est couvert d’une fine poussière.
5. Rive : bande de terre qui borde une étendue d’eau.